LinkedIn est-il le nouveau Facebook ?

Blagues potaches, portraits de chatons, double clic sur le dauphin ou selfies entre potes à l’apéro…

Peu à peu, les publications sur LinkedIn s’appauvrissent. En outre, elles quittent de plus en plus la sphère purement professionnelle pour nous faire glisser un peu plus dans l’intimité de chacun.

Alors, dérive inéluctable, opportunité à creuser ou début de la fin ? LinkedIn nouveau Facebook ?

Vous avez vu ma raie !?!

De Facebook à LinkedIn, le télétravail a modifié notre exploitation des réseaux sociaux

Dans le monde d’avant, d’avant la crise sanitaire s’entend, les choses étaient relativement simples.

On exploitait LinkedIn pour développer son réseau pro et rechercher de nouvelles opportunités de business. On soignait ses posts, pas question de passer pour un amateur, un tocard, un mauvais quoi ! On y mettait du sens, on creusait ses sources et on donnait un max de valeur ajoutée à ses contenus !

On postait sur sa page Facebook des contenus essentiellement destinés au grand public et sur son profil perso, des infos… perso ! Et là, pour le coup, c’était un peu la Foire à la saucisse, mais c’était pas grave ! Après tout, on était entre nous !

Covid accélère la transformation de LinkedIn en Facebook

Et puis le Covid est arrivé et a tout chamboulé, perturbé, modifié. Un « Change Maker » disait le Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie et des Finances. Avec le télétravail, et ses innombrables réunions sur #GoogleMeet,#Zoom, #Skype, #Teams…

Bref, les contours déjà parfois pas très clairs qui séparaient la sphère privée du domaine pro se sont considérablement floutés… Ils ont même parfois disparus !

Et là soudain, c’est le drame ! On voit fleurir un peu partout – mais notamment sur LinkedIn – quantité d’infos qui n’ont plus grand chose à voir avec le monde professionnel. Sans l’avoir toujours consciemment choisi, on expose une partie de notre vie perso dans notre environnement de travail.

Chacun a commencé à montrer un peu de son intimité. Un podcast et soudain on dévoile son bureau, son salon voire sa chambre pour les logements les plus petits.

Un webinar et apparaissent, par des portes entrebâillées, les enfants, les conjoints et les inévitables chats !

Un signe religieux au mur, une photo de famille, une pièce « en bordel »…

On en sait tout de suite un peu plus sur vous ! Un peu trop ?

Et voilà comment le ver est entré dans le fruit… mais qui avait commencé à se laisser pourrir dès 2019 en commençant sa lente mue pour devenir un Facebook bis.

LinkedIn nouveau Facebook ? Le réseau pro intègre des fonctionnalités identiques à Facebook.

Double clic pour faire sauter le dauphin ! Vous vous souvenez de ce post ? Des centaines de milliers de likes !!!

Comment la plus grande plateforme de réseautage entre professionnels en arrive à exposer ce type de contenus ? Tout simplement en intégrant des fonctionnalités qui permettent d’augmenter artificiellement le taux d’engagement.

Il y a peu, on ne pouvait que liker, commenter ou partager un post sur LinkedIn. Conscient de la pauvreté de ses interactions, LinkedIn a finalement intégré des émoticones calquées sur celles de Facebook.

LinkedIn a également repris dans son design, certains des codes exploités par Facebook, un graphisme plus rond, un mode dark, des fonctionnalités de recherche plus intuitives…

Aujourd’hui LinkedIn… c’est comme Facebook, sauf qu’on a une chemise pour sa photo de profil.

Des premiers rapprochements très concrets de la transformation de LinkedIn avec Facebook.

D’un côté, une navigation plus « user-friendly », de l’autre une ligne éditoriale qui se veut plus intelligible, plus digeste.

LinkedIn : pauvres contenus !

Une conséquence immédiate est l’appauvrissement des contenus. Désormais, sur LinkedIn comme sur Facebook et Instagram, on poste des contenus « puteaclic » pour obtenir des meilleurs statistiques. Un chaton (eh oui encore eux !), une photo un peu provoc… Qu’importe le fond, on a l’ivresse de la forme.

Et une chance d’obtenir des Vanity Stats gonflés qui flattent l’égo mais fatiguent tout le monde ! Et ne se transforment jamais en business !

LinkedIn, un vraie fausse réputation pour séduire recruteurs et partenaires pros

Il y a bien longtemps que chacun veille (ou devrait !) à son e-réputation. Sur Facebook notamment, on supprime les photos un peu trop compromettantes de soirées alcoolisées, des tenues trop sexy ou de postures politiquement incorrectes.

A quelques exceptions près, et qui concernent essentiellement les métiers de la création, mieux vaut rentrer dans un cadre assez consensuel pour séduire les professionnels. Et ces derniers en effet, commencent par vous « Googliser » histoire de savoir à qui ils ont affaire.

En conséquence, sur LinkedIn, une vraie fausse e-reputation irréprochable voit le jour.

Linkedin est devenu le temple des bons sentiments et de la vertu affichée

Désormais, on s’indigne publiquement pour des causes certes nobles et mais surtout pas trop engagées. On affiche son empathie et sa capacité de soutien ou d’indignation grâce aux émojis. On affirme son sens du collectif, du corporate, du défi ou du dépassement de soi pour séduire de potentiels recruteurs ou clients.

Alors oui c’est un peu « fake », et c’est aussi au détriment du fond. Or, le fond, c’était jusqu’ici la plus-value de LinkedIn.

Précisément, la plateforme se positionnait comme LA source majeure d’information et d’innovations tous secteurs confondus.

Désormais, on ne poste plus d’articles avec un parti pris, mais une photo du marathon du week-end dernier avec son chrono, pour bien montrer qu’on sait dépasser ses limites !

On ne publie plus un édito, mais une recette de fougasse bien dorée pour faire la preuve de sa créativité et sa convivialité…

Mais finalement, n’est ce pas aussi donner à voir qui nous sommes réellement ? Ca se discute évidemment.

La banalisation des contenus, les photos de coucher de soleil, voire de maternité (sans compter qu’en plus il s’agit d’une « crevette » !), les bisous et bon week end, vont-ils finir par élimer la pertinence de LinkedIn et le ringardiser à toute vitesse ?

Slack – le nouveau LinkedIn ?

Jusqu’ici, #Slack c’est une plateforme d’échange de messages interne. Et c’est tout. Mais dernièrement, le groupe a lancé Slack DM. Une possibilité d’échanger avec d’autres entreprises sur simple demande par mail.

Pour l’instant, les débuts sont timides mais l’ambition de Slack pourrait bien à terme, être de créer un réseau mondial interconnecté de.. professionnels.

Un LinkedIn new age en quelque sorte. Conscient du danger, LinkedIn a suspendu quelques uns des apanages destinés au grand public qui perturbaient ses usagers historiques et professionnels pour se recentrer sur coeur de métier.

Ce floutage entre les différents réseaux sociaux soulève quelques questions.

Allons nous vers une homogénéisation des RS et donc une forme de mutualisation ?

Ou à l’inverse vers un caviardage encore plus fin qu’aujourd’hui avec une démultiplication des réseaux ?

Sachant que nous jonglons tous déjà avec une dizaine de RS au quotidien : Facebook, Instagram, LinkedIn, Twitter, Whatsapp, Messenger, Slack, Twich…

Combien pourrons-nous en gérer en simultané et pour quelles communautés ?

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Crédit photo : www.freelanceinfos.fr et Disruptive Humans of Linkedin – Photo de Wang John sur Unsplash -Photo de Dillon Shook sur Unsplash – Photo de charlesdeluvio sur Unsplash – Photo de Quino Al sur Unsplash – Photo de Stephen Phillips – Hostreviews.co.uk sur Unsplash – Photo de Austin Distel sur Unsplash